Meccan'OS
Du cadavre au squelette : les étapes
Avant de se faire plaisir dans la phase de reconstitution il faut passer par différentes étapes moins agréables. En effet, contrairement à ce que pensent certains, on ne trouve pas sur le marché de squelettes pré nettoyés "en kit", et avant de manipuler des os propres et blanchis il faut partir d'un cadavre moins reluisant : la matière noble ostéologique se mérite ! Mais en même temps, il y a dans cette transformation/valorisation un défi technique sans lequel la démarche perdrait beaucoup de son intérêt !
Il faut donc : désosser le cadavre, puis nettoyer le squelette de tout ce qui le soude en matière organique, blanchir les os et les sécher.
Si le desossage se fait mécaniquement à l'aide de coûteaux et de ses petites mains, l'ampleur de la tâche dépend bien évidemment des qualités physiques du nettoyeur, de la taille de l'animal et de son espèce (environ 14 heures pour un rhinocéros c'est véritablement un travail épuisant).
Je n'entrerai pas dans le détail des procédés fastidieux de nettoyage qui ont fait l'objet de nombreux articles et pouvant relever de process biologiques, chimiques ou mecaniques. Chacun à ses recettes... Sachez seulement que le plus compliqué est d'obtenir un squelette complet (petits vertébrés), non abîmé (espèces ou parties fragiles) et ...dégraissé. Ce dernier point est certainement la pire hantise du desosseur/nettoyeur, la graisse étant un ennemi perfide qui peut même resurgir des années aprés et s'accumuler voire suinter aux extrémités des os longs particulièrement chez les specimens domestiques trop nourris ou certaines espèces (cétacés surtout).
La technique de blanchiment est plus universelle avec l'utilisation de l'eau oxygéneé condensée (et non pas l'eau de javel qui décalcifie les os).
Le remontage : c'est l'étape ludique où le desosseur nettoyeur quitte son bleu de travail tâché pour une blouse...Il se retrouve alors face à un puzzle de 250 à plus de 500 pièces mais....sans mode d'emploi ! Et il ne faut pas espérer s'en sortir grâce à la bibliographie. Le remontage s'effectue en 3D et les meilleures armes sont l'observation préalable, croquis, photos, logique, modèle et ...surtout l'expérience ! Un petit tour dans une galerie d'anatomie comparée peut rendre service mais on n'en a pas toujours à proximité...Heureusement la structure anatomique des vertébrés n'est pas fotrcément très différente entre deux espèces pourtant éloignée morphologiquement. Par exemple entre une girafe et un chevreuil le modèle de base est sensiblement le même. C'est d'ailleurs ce qui rend passionnante cette science que l'on appelle l'"anatomie comparée" qui a tant etayée la théorie de l'évolution depuis le 19eme siècle, avant que la génétique prenne le relais et qui a donc regroupés la girafe et le chevreuil au sein du même ordre.